• Une jeune femme (l'auteure) qui se bat contre la maladie, ouvre sur le chemin du sanatorium la lettre de rupture remise par son amant. Ce petit récit est la réponse à sa lettre : elle lui exprime son amour blessé, exempt de toute tiédeur et compromis. L'approche de la mort lui donne une rage de vivre sans convention, sans concession aussi. Un superbe témoignage tout en pudeur et retenue, écrit dans la langue du Grand Siècle si subtile dans le discours amoureux, avec ses modulations du «vous» au «tu» qu'il faut replacer dans le temps puisque le texte a été publié en 1934, année de la mort de l'auteure. Cette œuvre laissée sans titre, conçue par l’auteure comme un «commentaire» non destiné à la publication, l’éditeur a gardé le mot «commentaire» en sous-titre et présente le texte comme un récit, suivi de deux notes de Charles Du Bos puis d'un récit de Jean Mouton, ami de l’auteur.

    J'ai particulièrement apprécié quand elle dissèque la lâcheté masquée de son amant qui lui offre  d’échanger l’amitié contre l’amour et qu'elle lui répond ironiquement : « Notre amitié sera une très jolie chose, à l’avenir; nous nous enverrons des cartes postales…»

    J' ♥♥♥


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  • Un petit roman autobiographique qui raconte avec intimité la marginalité du père de l'auteure qui vient de mourir. Ce décès, survenu deux mois après son admission dans l'Éducation Nationale, bouleverse profondément Annie Ernaux, elle réalise soudain la distance qui s'était installée entre eux. "Comme de l'amour séparé", écrit-elle. Cest un  hommage rendu à ce père d'origine modeste, garçon de ferme, ouvrier puis petit commerçant. Fier de sa "place", il craignait toujours de retomber de l'échelle sociale. "Il n'est jamais entré dans un musée, il ne lisait que Paris-Normandie et se servait toujours de son Opinel pour manger." Il espérait que sa fille, grâce aux études, serait mieux que lui. Celle-ci refuse l'oubli des origines. Elle dévoile la distance douloureuse, survenue entre elle, étudiante, et ce père aimé qui lui disait : " Les livres, la musique, c'est bon pour toi. Moi, je n'en ai pas besoin pour vivre ".

    La Place est celle que chacun occupe ou croit occuper dans la société. Celle que l'on désire atteindre au risque de se perdre et d'en oublier ses racines. Les mots sont simples étroitement liés aux choses. L'auteure décrit des gens inférieurs peut-être, mais profondément humains qui avaient du coeur et de la volonté. Ce livre m'a beaucoup rappelée mes grands-parents qui avaient eux-mêmes ces origines modestes et cette simplicité que j'admirais tant.

    J' ♥♥♥♥


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